Peintre et Poète

Peintre autodidacte j’ai commence a peindre en 1965 avec la peinture figurative .
Je me tourne maintenant vers l’abstrait. Poète aussi ,je suis venu a la poésie pour dénoncer les horreurs de la vie, et aussi pour chanter ce qui est beau…
N’ayant pas droit a la parole, j’ai pris le droit de l’écrire.

Lettre au soldat inconnu

On retira du creux de la terre
le reste de mes os épars, imprécis.
J’étais au milieu de mes frères
sans nom, sans grade, parmi les débris.
Quelle certitude que je sois français
dans cette pâte d’argile et de chair à canon ?
Ça, vous ne le saurez jamais !
Peu importe que je sois du pays de Villon,
ou que je sois du pays de Schiller.
Désormais, mes yeux ne verront plus
de l’Alsace les vastes vallons,
et mes lèvres ne goûteront plus
d’Obernai le divin Traminer.
Que mon âme se console :
on fit de moi une Étoile
en me retirant de mon sol
pour me mettre sur une place du même nom.
Je suis bien seul à partager ce triomphe
malgré les hommages et les salutations…
C’étaient tous des « de La », Gustave, Alphonse,
ces généraux orgueilleux et sans remords
qui ont planifié ma mort.
Enfants de mon pays,
écoutez ce que je dis,
aimez votre terre,
aimez votre patrie,
ne faites plus la guerre :
c’est à cause d’elle que je suis ici.

Jean-Pierre HOIZEY

Superstition

Pauvres chouettes, hulottes,
Hiboux de toutes sortes
Enveloppés du noir secret
Que seul détient le sorcier,
Jusqu’à une époque récente
Où Dieu et sortilèges ensemble
Ne faisaient qu’un dans la balance,
On vous cloua sur les portes
De remises, celliers et granges
Pour éloigner en quelque sorte,
La chose est indéniable,
Les attaques sournoises du diable.
Depuis la nuit des temps,
L’homme fut confronté
Aux esprits, dits « mauvais »
Belzébuth ou le mauvais œil,
Avec pour remède des potions amères
Que connaissaient nos grands-mères
Perpétuellement en deuil.
Bêtise humaine où fleurissait la peur…

Toi, pauvre Martin errant sur cette Terre,
Tu passas au moment où l’homme faisait la guerre
Pour mourir dans un village du Djebel.
Pourquoi ta mort fut si cruelle ?
Lui donnant le sourire des anges,
Vous lui ôtez la beauté des choses sous le ciel
En le clouant à une porte de grange
Comme une chouette par les ailes.
Quel mauvais sort fallait-il conjurer
Pour faire entrer un vent de liberté ?

Jean-Pierre Hoizey

À une amie inconnue

Ton drapeau n’est pas couleur de sang,
il a le bleu du ciel
et l’or du soleil.
Envahisseurs,
Tes bombes ne pourront jamais altérer ses couleurs.
Petite Ukrainienne blonde,
Depuis ma France profonde
Je t’ai vue aux informations télévisées,
Je t’ai écoutée aux nouvelles du monde,
Et ton témoignage m’a bouleversé.
Je ne te connais pas,
et l’on ne se rencontrera jamais.
Sur ta terre dévastée,
Dans ta ville d’Odessa,
Je voudrais me dresser
comme les marins du Potemkine,
avec la prouesse des désespérés.
Oui, j’aimerais chanter
que « ce soir j’aime la Marine ».
Le temps est un rouleau compresseur,
il effacera toutes traces de l’agresseur.
La douleur passe doucement avec le temps…
L’Ukraine oubliera ses peurs,
et les mauvais seront aux mains de Satan.
De toi, petite Ukrainienne blonde,
je ne sais plus rien.
Les jardins d’Odessa ont reverdi…
As-tu des enfants, un chien, un mari ?
Es-tu dans la terre profonde ?
De toi, je ne sais plus rien,
seulement que ton drapeau est jaune et bleu
et qu’il peut regarder sans honte
les nations au fond des yeux.

Jean-Pierre HOIZEY
13 mars 2022

Terre sacrée

Amis, promeneurs et paysans,
traversant à pied des champs,
souvenez-vous du temps passé,
de ces millions de millions de gens,
depuis des milliers et des milliers d’années,
qui, un jour, à leur vie finissant,
sont enfouis dans la terre.
Pères, mères, enfants,
civils ou militaires,
tous sont éparpillés dans le sol.
Quand le laboureur travaille son champ,
à semer ses graines de tournesol,
son soc retourne inconsciemment
de microscopiques lambeaux de chair.
Invisibles mais présents,
leurs ADN sont dans nos jardins,
bien plus, dans la terre de Verdun,
sur les plages du débarquement.
Jamais tourteau ne fut aussi gros !
Combien de tombereaux de terre,
pris sur de vieux champs de bataille
ou d’anciens cimetières,
mélangés au fumier de nos étables,
sont venus remplir nos jardinières ?
Chaque fleur qui y poussera
sera le songe d’une vie passée…
Promeneurs, lors d’une randonnée,
trouverez-vous au bord d’un sentier,
timidement caché entre deux pieds d’ancolie,
un vieil os rongé et blanchi
que la nature a fleuri ?
En ce lieu laissez-le reposer
c’est tout ce qu’il reste d’une vie.

Jean-Pierre Hoizey
Mai 2022