Le 11 septembre, lors du traditionnel pèlerinage aux châteaux des Allinges, Marcel Maillet célébra les 400 ans de la mort de François de Sales. A cette occasion il a donné une conférence retraçant la vie et l’oeuvre de cet auteur à succès, saint patron des journalistes et écrivains.
François de Sales, savoyard, a séjourné quelques temps aux châteaux des Allinges ; il avait alors pour mission de restaurer la religion catholique dans le Chablais.
Marcel Maillet raconte François de Sales
François de Sales, un grand savoyard gentilhomme de Dieu
Ce fut pour moi un plaisir de préparer cette conférence et un honneur de la donner aux châteaux lors du pèlerinage annuel qui présentait cette année un caractère particulier puisqu’on commémorait le 400ème anniversaire de la mort de François de Sales.
Un personnage exceptionnel, probablement le plus influent, le plus important de toute l’histoire de la Savoie et qui nous touche de près puisque c’est chez nous qu’il réalise son œuvre majeure : le retour du Chablais dans le giron de l’église catholique.
Après l’invasion de 1536 par les Bernois, de gré ou de force, la population s’est soumise à la doctrine de Calvin. Lorsque François de Sales se présente à la porte du château des Allinges au soir du 14 septembre 1594, sur les 25000 âmes que compte le Chablais, une centaine – peut-être moins – sont restés fidèles au catholicisme. Lorsque ; fin septembre 98, il quitte le Chablais, la religion catholique est restaurée, les anciennes cures sont rétablies, des curés sont nommés, la religion réformée est interdite. La mission est accomplie.
Ce ne fut pas simple. Les débuts furent difficiles : un hiver rigoureux, une population hostile. Les principaux de Thonon ont interdit d’assister à ses prêches ; les portes se ferment ; on cherche à le tuer – trois coups de feu tirés par un furieux le 8 janvier 95 -. François court les chemins, prêche, porte clandestinement les sacrements, glisse des tracts sous les portes. Enfin les premiers résultats arrivent. A la fin de l’année 95, le Chablais compte 300 catholiques. Le baron d’Avully, personnage important, abjure le protestantisme. A la Noël 96, François célèbre à St Hippolyte devant 7 à 800 personnes.
Lors des « Quarante heures » d’Annemasse, grande de fête religieuse étalée sur trois jours en septembre 97, 30000 personnes assistent à la cérémonie de clôture. Un an plus tard, le duc Charles-Emmanuel et le légat du pape Alexandre de Médicis assistent aux « Quarante heures » de Thonon. 2300 conversions ; la mission de François en Chablais se termine en apothéose.
Sacré évêque le 6 décembre1602, François de Sales brillera par ses qualités de prédicateur. L’année de son sacre, il prêche le carême au Louvre ; parmi ses auditeurs, le couple royal : Marie de Médicis et Henri IV ; il prêchera encore devant la reine en 1618. En 1604, invité par les échevins, il prêche le carême à Dijon où il rencontre Jeanne de Chantal. Quatre fois il viendra prêcher à Grenoble où il obtiendra la conversion du duc de Lesdiguières, grand soldat, gouverneur du Dauphiné. François de Sales fait partie, avec les Bourdaloue, Bossuet, Fénelon, Lamennais, des grands prédicateurs de langue française. Il laisse également une importante contribution littéraire ; l’œuvre complète compte 27 volumes dont deux livres majeurs, l’ « Introduction à la vie dévote » dont l’objectif est de rendre la pratique religieuse accessible à tous et le « Traité de l’amour de Dieu » dans lequel il « parle pour les âmes avancées en la dévotion » ; deux livres constamment réédités. Prédicateur admiré, auteur à succès, François de Sales est également fondateur de congrégation religieuse. En 1610 il installe à Annecy dans la maison dite « de la galerie » trois dames qui sous l’autorité de Jeanne de Chantal sont les premières admises dans le nouvel ordre de la Visitation. D’abord destinées au service des pauvres et des déshérités, les visitandines seront bientôt cloîtrées et contemplatives. Bien vite l’ordre essaimera : Lyon, Moulins, Grenoble, Bourges, Paris.
On oublierait presque que François de Sales fut surtout évêque de Genève en résidence à Annecy, avec toutes les obligations et contraintes que comporte la charge : cérémonies à la cathédrale, prêches, confessions, visites aux pauvres, aux religieuses de la visitation ; souvent il est sur les routes et les chemins pour visiter les paroisses, guider les curés dans leur ministère et réformer les abbayes – Abondance, Sixt, Talloires – où la vie monastique doit être restaurée suite aux déviances et abus qu’on y constate à l’époque.
François de Sales meurt le 28 décembre 1622 à Lyon où il se trouve, retour d’Avignon où il a accompagné son duc désireux d’aller au devant de Louis XIII rentrant victorieux de Montpellier dont il a fait le siège pour la reprendre aux huguenots.
De Sales est déclaré bienheureux en 1661 et canonisé en 1665. Il est proclamé docteur de l’Eglise en 1877 et en 1923, pour le 300ème anniversaire de sa mort, Pie XI le proclame Saint patron des journalistes.
Marcel Maillet